Napoleón

Napoléon Bonaparte (1769-1821) est l'un des très rares personnages à marquer un tournant dans l'histoire. La biographie de Bonaparte offre à tous égards les preuves de sa grandeur, tant à ses détracteurs qu'à ses hagiographes. Bonaparte est le génie militaire, empereur et réformateur qui conduit la France vers la modernité ; mais aussi l'envahisseur qui a provoqué trois décennies de guerres continues.

Napoléon naît en 1769 à Ajaccio, capitale de la Corse, l’année suivant la vente de l’île à la France, par la république de Gênes. Napoléon entre à l’âge de 10 ans à l’école militaire et à l’âge de 15 ans il est lieutenant-second d’artillerie. Lorsque la Révolution française éclate, Napoléon commence à se distinguer et à nouer des amitiés qui marqueront sa vie, principalement du côté des Jacobins.

Le premier exploit militaire du jeune Bonaparte est la prise de la ville royaliste de Toulon. A partir de ce moment, son étoile s´élève grâce à ses victoires continues dans les Guerres Révolutionnaires. Les campagnes d'Italie et d'Égypte marquent sa maturité en tant que soldat et politicien, et donnent le ton à une manière de diriger qui le fera entrer dans l'histoire : Être accueilli comme libérateur dans la majeure partie de l'Italie et dans la légendaire campagne d'Égypte, où il se fait accompagner par des scientifiques, des historiens et des peintres, pour une mission qui dépassait le cadre militaire. Le 18 Brumaire 1799, il force son élection comme Premier Consul dans un événement qui marquera l'histoire de l'Europe, puis comme Consul à Vie (1802).

D'abord contre la France Révolutionnaire, puis contre Napoléon, les monarchies européennes s'unissent contre l'esprit de changement et forgent des alliances pour l'écraser. La guerre devient une caractéristique constante des années napoléoniennes.  Il se proclame Empereur en 1804 dans le but d'assimiler la France aux autres puissances européennes et lance des campagnes successives pour démanteler les coalitions qui se dressent contre lui. Avec la blessure saignante de la Guerre d'Indépendance Espagnole et l'intervention anglaise dans la péninsule, Bonaparte prend le risque de se battre sur deux fronts et entreprend la conquête de la Russie. Napoléon n'a jamais compris ce qui s'était passé en Espagne.

napoleon-fr

La bonne étoile de Napoléon s’éteint : d’abord avec la destruction de sa Grande Armée en Russie, puis, en 1813, avec la défaite de Leipzig et l’invasion de la France par la Sixième Coalition. Napoléon abdique sous la pression de ses maréchaux, et en 1814, les puissances victorieuses le condamnent à l’exil sur la petite île d’Elbe, au large de la côte italienne

Mais l’histoire de Napoléon Bonaparte avait encore une autre tournure que le destin ne garde que pour les hommes destinés à devenir des légendes. Napoléon retourne en France dans la clandestinité et contre la volonté et la pensée de l'élite politique, le peuple et l'armée le rejoignent dans son avancée vers Paris. Des régiments entiers envoyés pour l’arrêter changent de camp quand Napoléon passe. Personne ne l’arrête et il commence à recevoir du soutien et de l’enthousiasme sur son chemin de retour à Paris. Louis XVIII s´enfuit et Napoléon reprend le pouvoir. L’alliance définitive des monarchies européennes s’unit malgré les tentatives de paix de la France.

Napoléon restera empereur pendant cent jours encore, jusqu’à la défaite définitive à Waterloo (18 juin 1815). Bonaparte abdique une deuxième fois, mais les vainqueurs écartent la guillotine pour ne pas en faire de lui un martyr. Les Anglais bannissent sur l’île isolée de Sainte-Hélène où il passera les dernières années de sa vie. Napoléon meurt le 5 mai 1821 pour entrer dans l’histoire à la place réservée uniquement à Jules César et Alexandre le Grand.

Sir_John_Moore_by_Sir_Thomas_Lawrence

Sir John Moore

Le lieutenant général Sir John Moore naît à Glasgow en 1761 et meurt à La Corogne en 1809, lors de la bataille d’Elviña. Moore entre dans l’armée à l´âge de 15 ans et gravi les échelons au cours d'une longue carrière qui le conduit à Minorque, la Guerre d’Indépendance des États-Unis, la Corse, les Antilles et la révolte irlandaise de 1798.

Moore est considéré comme un militaire compétent et humain. Il est célèbre pour son expertise en tant qu'instructeur de soldats et en tant que premier général à les traiter comme des personnes dans l'armée britannique. Sir John Moore est devenu l'une des légendes de l'armée britannique et ses exploits à la tête de ses troupes poursuivies par la Grande Armée de Napoléon marquent l'un des jalons de l'histoire militaire.

Au début de la guerre avec la France, il organise la défense d’un secteur de la côte anglaise en prévision d’un débarquement français. Une fois le danger écarté, il sert dans la Baltique pendant un certain temps, avant de se voir confier le commandement des forces britanniques dans la péninsule ibérique.

Moore débarque à Lisbonne avec l'ordre d'établir une tête de pont dans les Asturies, mais décide de joindre son armée avec l'armée espagnole et de passer à l'offensive. À la fin de 1808, Moore est isolé et le gros de l'armée impériale française est en chasse. Au cours des semaines suivantes, les Britanniques ont forcé leur chemin à travers les montagnes enneigées de León et le massif galicien, et parviennent à entrer dans La Corogne.

L’historiographie française connaît le retrait de Moore comme : La carrière de Benavente. Le retrait est comparé à la fuite d’une armée d’un pays ennemi : le marquis de la Romana a dénoncé les actes de pillage et les crimes commis par les troupes de Moore contre la population, malgré les tentatives des officiers pour rétablir la discipline. Dans ses lettres au commandement, John Moore exprime son étonnement devant la dégradation du comportement de ses propres troupes lors de leur retraite.

La dernière étape de l’évacuation des troupes se déroule en face de La Corogne : Moore lance une bataille défensive pour protéger le rembarquement, en profitant de l’orographie de la périphérie de la ville. Lors d’une visite d’inspection des lignes, Moore est touché par un boulet de canon qui le blesse à mort.

L’Écossais tombe de son cheval et reste conscient bien que seule la veste de combat garde le bras attaché au corps. "Oui, je suis mortellement blessé" a-t-il expliqué au colonel Graham. Moore meurt quelques heures plus tard dans la maison d’un commerçant de La Corogne, avec le temps d´apprendre le succès de l’expédition et de dire au revoir aux personnes présentes.

Les Highlanders enterrent Moore pendant la nuit, dans une tombe provisoire, au pied du bastion de Saint-Charles. Le maréchal Soult, lorsqu´il prend la ville, marque l’endroit avec une inscription. Les cendres de Moore reposent aujourd’hui à quelques mètres de la tombe originale, dans le monument érigé des années plus tard, dans le jardin de St Charles.

Il reste comme sujet de débat entre les historiens et les panégyristes, d’une affinité ou d’une autre, de déterminer si Moore a été ou non un héros, pour s´être échappé avec les restes de son armée. Le fait est qu’il a réussi, dans un environnement hostile et dans des conditions inférieures, à sauver une grande partie de son armée qui a été vitale pour le développement de la guerre. Ces mêmes troupes ont ensuite combattu à Waterloo. Sa mort épique à La Corogne et sa volonté d’y être enterré marquent une relation entre la Corogne et Moore qui s’étendra au-delà de sa propre vie.

Le Maréchal Soult

Pour valoriser équitablement un général napoléonien, toujours sous l’ombre allongée du corse, il s’avère utile de mesurer la nature du rang de maréchal et comment le fils d’un notaire le mérita : Jean-de-Dieu Soult (1769-1851).

Bonaparte avait le don de choisir le bon personnel pour chaque travail. Plus de 2000 généraux participent aux guerres napoléoniennes et Bonaparte n’en promeut que 26 pour le rang de maréchal. Sauf quatre nominations honorifiques, les 22 généraux restants, comme Soult, gagnent leur bâton de maréchal sur le champ de bataille.

Le jeune Soult n’est pas attiré par le monde du droit et s’engage à 16 ans (1785). Pendant les guerres révolutionnaires, avec le futur maréchal Masséna comme mentor, il passe de sergent à général de brigade en trois ans. Soult est un spécialiste de la tactique et de l’entraînement des troupes ; il est surnommé "Bras de fer", en raison de la dureté de la préparation de son corps expéditionnaire pour envahir l’Angleterre.

Soult reçoit sa canne de maréchal en 1804, année de l’auto-proclamation de Napoléon comme Empereur. Bonaparte sait récompenser ses subordonnés et crée pour eux des titres nobiliaires sur mesure, comme le duché de Dalmatie qui détient Soult. En Espagne, les Britanniques qui subissent sa persécution jusqu’à La Corogne le surnomment "Duke of damnation", "Duc de la damnation".

La moitié des maréchaux de l’Empire sont blessés au combat. On reproche à Soult de diriger l’armée loin du front, comme en témoigne son déploiement lent et prudent lors de la bataille de La Corogne. Soult se battait en première ligne jusqu’en 1800, quand il est encerclé à Gênes et tente de briser le siège. Soult mène l’assaut des lignes autrichiennes, se prend une balle dans le genou et tombe prisonnier ; il languit pendant des jours dans un hôpital et subit des souffrances qui le marquent à vie. Dès lors, il dirige ses troupes depuis l’état-major.

Le principal défaut de Soult est le vol compulsif de tout objet de valeur qu’il a à portée de main. En Espagne, il gagne un autre surnom : "El roba-cuadros"(le voleur de tableaux). Lorsque ses troupes occupent une ville, des œuvres d’art disparaissent des églises et des maisons riches pour réapparaître en décorant son domicile parisien.

Jean-de-Dieu_Soult

La longue liste de services du maréchal Soult est en dents de scie : de sa participation décisive à la victoire d’Austerlitz, à l’indécision qui contribue au désastre de Waterloo. De la domination de l’Espagne et une partie du Portugal, jusqu’à la défaite et la retraite par les Pyrénées. De sa loyauté envers l’Empereur à sa chute en disgrâce et sa réhabilitation en tant que ministre de la nouvelle dynastie régnante.

Dans un classement imaginaire des maréchaux napoléoniens, Soult serait proche du sommet, peut-être à égalité de mérite avec le volcanique Ney, et juste derrière l'implacable Lannes, le cérébral Berthier et l'invaincu Davout.

Soult, en conclusion, est un des rares maréchaux à qui Napoléon permet d’agir de sa propre initiative. Selon les récits des témoins des préparatifs d’Austerlitz, lorsque l’Empereur a donné les derniers ordres à ses maréchaux, il s´est tourné vers Soult et lui a indiqué : "Quant à vous, Soult, je vous dis seulement : agissez comme d'habitude".

Sir Henry Raeburn, Lt. General Sir John Hope, 1765 - 1836.

Sir John Hope

L'Écossais Sir John Hope (1765-1823), IVe comte de Hopetoun, est un général et un homme politique écossais avec un rôle de premier plan dans la retraite de Moore et la bataille de La Corogne. Hope a servi au Caire et à la bataille d'Alexandrie (1801) où il a affronté Napoléon dans la mythique campagne d'Égypte. Plus tard, il a commandé la première division en Espagne pendant la Guerre d'Indépendance aussi appelée Campagne d´Espagne.

En 1808, en tant que lieutenant du général Moore, il participe à la retraite hivernale de l'armée britannique d'Astorga à La Corogne. Le corps expéditionnaire britannique avait entrepris une fuite vers les ports de Galice pour échapper à l’armée des maréchaux Soult et Ney. La bataille d'Elviña, en janvier 1809, est une tentative désespérée de contenir l'avancée française pendant que les troupes embarquent pour La Corogne.

John Hope dispose ses forces sur la route royale de Betanzos, à côté de la réserve de Lord Paget. L'Écossais est contraint de commander l'armée lorsque le général Moore meurt, car le général Baird, commandant en second, est lui aussi grièvement blessé.

Hope décide de s'en tenir au plan initial de Moore : vers 21 heures, il ordonne un retrait silencieux des troupes et leur embarquement sous couvert de l'obscurité. Les Anglais laissent une petite force sur le champ de bataille, allumant des feux et prétendant tenir les lignes pour combattre au matin.

Lorsque Soult découvre le piège, il change l'emplacement d'une batterie et commence à bombarder les transports, mais seuls quatre sont endommagés et le gros de l'armée britannique s'échappe. L'évacuation réussie de Hope lui vaut le titre de chevalier accordé par le roi George III.

Au milieu de l'année 1809, Sir John Hope participe à l'expédition ratée de Walcheren en Flandre. Sous le commandement de Lord Chatham. Hope commande les troupes de réserve.

Le lieutenant-général John Hope combat à nouveau le maréchal Soult en 1813, cette fois à la tête de la première division sous le commandement du duc de Wellington. John Hope participe à l’invasion de la France lors des batailles de la Nivelle, à la frontière franco-espagnole, à celle de Nive et au siège de Bayonne en 1814.

Lors de la bataille de Bayonne, considérée comme la dernière de la Guerre d’Indépendance (Campagne d´Espagne), John Hope est blessé et fait prisonnier ; cependant, la lutte se termine par la reddition des Français à la nouvelle de l’abdication de Napoléon.

Mariscal Ney

Le maréchal Ney (1769-1815), duc d'Elchingen et prince de Moscovie, a obtenu son rang et ses titres de noblesse sur la ligne de front du champ de bataille. Lorsque Bonaparte rétablit le rang de maréchal en 1804, il choisit les 18 meilleurs généraux pour l'occuper et Michel Ney, fils d'un tonnelier lorrain, en fait partie.

Militaire dès l'âge de 18 ans, Ney gravit rapidement les échelons grâce à ses propres mérites. Infatigable et véhément, Ney pouvait mener des charges de cavalerie après avoir été blessé ou protéger à pied l'arrière-garde avec une poignée d'hommes, sabre à la main contre les cosaques. Le tempérament de Ney lui vaut l'adoration de ses soldats et l´inimitié de ses collègues maréchaux.

Les états de service de Ney comprennent les principales campagnes et batailles des guerres napoléoniennes : Hohenlinden, Friedland, Jena, Eylau, Borodino, Smolensk, Leipzig, Waterloo et autres.

Ney commande un corps d’armée pendant l’invasion de l’Espagne en 1808 et participe à la poursuite de l’armée anglaise de Moore jusqu’à la Corogne. Le maréchal passe deux ans plongé dans une terrible guerre d’usure en Espagne. La guérilla et les envahisseurs entrent dans une escalade d’atrocités que les Français tentent de résoudre en réprimant la population. Ney est l’un des personnages les plus détestés de Galice au point que, 212 ans plus tard, subsiste la coutume de donner son nom aux chiens des maisons.

Dans la guerre péninsulaire, Ney finit par se retrouver en désaccord avec Soult, Masséna et le Roi Joseph Ier Bonaparte. Ils ont même engagé un combat au sabre l'un contre l'autre. Cette inimitié et ce manque de coordination marqueront le résultat de la poursuite de Sir John Moore par les troupes de Napoléon. Lorsque Soult lance l’attaque en comptant que Ney soutiendra de son côté, ce soutien n’arrive jamais. Napoléon relève Ney, mais son ostracisme est de courte durée et il dirige un corps d’armée dans l’invasion de la Russie.

Désabusé par Napoléon pour son commandement dans la Russie en guerre, Ney dirige le groupe de maréchaux qui force Napoléon à abdiquer après la bataille de Leipzig.

Michel Ney, Marshall of the French Empire, Duc of Elchingen, Prince of Moscow .*oil on canvas .*65 x 55 cm .*1812

Durant son essor, Michel Ney n’avait que moins de pouvoir que la famille Bonaparte, les princes et les ministres d’État. Cependant, la vieille aristocratie qui retourne en France avec Louis XVIII dédaigne sa famille pour son origine roturière. Ce mépris a influencé la décision de Ney qui décide de retourner auprès de Bonaparte et sera la cause de sa perte.

La bravoure de Ney dégénère en comportement irréfléchi lorsqu´il n’a pas de commandement supérieur capable de le guider. Ney prouve cette attitude pour la dernière fois à Waterloo : il agit seul et dirige quatre charges contre les cadres de l’infanterie anglaise jusqu’à ce qu’il n’ait plus de troupes et tombe prisonnier.

Ney est jugé en France pour trahison et condamné à mort pour donner l’exemple aux sympathisants bonapartistes. Dans une fin digne de sa figure, Ney renonce refuse d'avoir les yeux bandés et donne l'ordre de tirer au peloton d'exécution.

Pedro_Caro_y_Sureda,_marqués_de_la_Romana_(Museo_del_Prado)

Marquis de la Romana

Le majorquin Pedro Caro Sureda (1761-1811), IIIe Marquis de la Romana, fut un capitaine général qui combattit dans la Guerre d’Indépendance.

Pedro Caro s'est engagé dans la marine en 1775 en tant qu'aspirant. Entre autres actions, il participe à la reconquête de Mahon et au siège de Gibraltar. En 1793, il s'engage dans l'armée comme lieutenant-colonel, et l'année suivante, il est promu maréchal de camp et participe à la guerre contre la Convention. En 1800, il atteint le grade de capitaine général de Catalogne et, pendant la Guerre d'Indépendance, il est promu capitaine général.

En 1807, le traité d'alliance avec la France oblige l'Espagne à fournir une division pour protéger la côte danoise d'un débarquement anglais. Le marquis fait partie de l'expédition et du soulèvement du 2 mai 1808 et l'occupation qui s'ensuivit surprend les Espagnols dispersés dans des cantonnements au Danemark. Le marquis conçoit un plan pour retourner en Espagne avec le soutien de la Royal Navy. Malgré le délai de procédure de Kindelán, Pedro Caro parvient à rapatrier 9 110 soldats, tandis que 5 193 restent prisonniers des Français.

Pendant son séjour à Astorga, le 11 novembre 1808, Pedro Caro est nommé général en chef de l'Armée de Gauche et capitaine général de Castille, León, Galice et Asturies. Ce jour-là, les Espagnols sont défaits à Espinosa de Los Monteros et l'armée fuit en deux colonnes vers les Asturies et León.

Le général Moore arrive en Espagne alors que Pedro Caro est à León, occupé à former et à réorganiser les restes de son armée. Les conflits sont fréquents entre des généraux de pays traditionnellement ennemis qui proposent des stratégies opposées pour mener la guerre. Les reproches se multiplient pendant la retraite de Moore vers La Corogne, et le marquis adresse un rapport à la Junte Centrale avec le récit des crimes commis contre la population par les troupes britanniques, comme si la retraite se faisait dans pays ennemi.

Alors que la plupart des généraux britanniques et espagnols lancent des batailles traditionnelles entre grandes unités, le marquis estime inutile d’affronter ses soldats nouvellement recrutés contre l’armée la mieux entraînée d’Europe, commandée par des maréchaux aussi compétents que Soult. Après la retraite anglaise, Pedro Caro se retire dans les Asturies et organise les guérillas. Pendant les deux années qu’il commande son armée, le Marquis attaque constamment les Français tout en évitant la grande bataille rangée dont ils avaient besoin pour l’anéantir. Un anévrisme fulminant tue Pedro Castro en janvier 1811, alors qu’il dirige une avancée de ses troupes depuis le Portugal.

Mendizábal

Gabriel María de Mendizábal Yraeta (1764-1833) fut un maréchal espagnol de la Guerre d’Indépendance.

Mendizábal est issu d'une famille de Guipuzcoa qui s'est enrichie grâce au commerce avec la Nouvelle Espagne. Le jeune homme dispose de fonds et de la protection de personnages importants et arrive à Madrid à l'âge de 13 ans pour entrer dans la carrière militaire. Mendizábal est promu capitaine en 1791, et sergent-major (équivalent à l'époque à major) en 1794.

Gabriel Mendizábal a participé à la guerre du Roussillon contre la France jacobine (1793-1795) et a exercé comme second commandant du bataillon de Volontaires du Guipúzcoa, recruté pour arrêter l'invasion française de la province.

Gabriel Mendizábal s'est distingué sous le commandement du général Ricardos et du marquis de la Romana pendant la Guerre d'Indépendance. Mendizábal a obtenu des promotions successives de brigadier (1808) et de maréchal de camp (1809) pour ses performances dans les actions de Villafranca del Bierzo et Alba de Tormes.

En 1809, le marquis ordonne à Mendizábal de devenir fort dans la ville de Puente de Domingo Flórez, dans la Cabrera Baja Leonesa. Mendizábal résiste à l’assaut de la cavalerie du général Franceschi-Delonne et provoque sa retraite vers El Bierzo. Une fois le danger écarté, Mendizábal quitte la ville et arrive à Ponte Bibei pour protéger le Quartier Général de la Romana.

Le 17 mars 1809, le brigadier Mendizábal dirige une attaque de 1 500 miliciens mal armés contre les 1 000 Français en garnison dans le château de Villafranca del Bierzo. Mendizábal rend la ville après seulement 4 heures d'escarmouches.

En février 1811, Mendizábal subit une coûteuse défaite quand il ignore le plan de bataille pour briser le siège français de Badajoz. La bataille de Gévora est une catastrophe pour les forces combinées de l’Espagne, du Portugal et de l’Angleterre face à une armée française moins nombreuse. Le grand nombre de victimes et de prisonniers, ainsi que l’échec du commandement de Mendizábal, entraînent son discrédit et l’éloignement des postes de responsabilité dans l’armée.

mendizabal2

Gabriel Mendizábal est réhabilité au cours des mois suivants pour ses actions sur le front Basque-Navarre et reçoit la promotion de lieutenant général. Dans la phase finale de la guerre, il participe aux défenses d'Irún et de Tolosa et à la bataille de Saint Martial.

Mendizábal reçoit les principales décorations espagnoles après la guerre, et un nouveau titre de noblesse a été créé pour lui : comte de Cuadro de Alba de Tormes. Après la guerre, il occupe divers postes à l'état-major de l'armée et est nommé président de la Cour Suprême de Guerre et de Marine jusqu'à sa mort en 1833.

diego-del-barco

Diego del Barco

Diego José del Barco y de la Cendeja (1779 -1814) était un brigadier d'artillerie de la Corogne qui a participé de manière distinguée à la Guerre d'Indépendance (Campagne d´Espagne). Diego del Barco est né le 12 novembre 1779 au numéro 49 de la Calle Real de La Corogne. Fils d'un officier ayant participé à l'expédition Balmis à bord de la corvette María Pita, Diego suit la tradition familiale et opte pour une carrière militaire.

Le jeune Diego del Barco entre au Collège Royal d’Artillerie de Ségovie en 1796 et au cours de la décennie suivante, il gravit sur les échelons de commandement des officiers : sous-lieutenant en 1779, lieutenant en 1802 et, un mois avant le début de la Guerre d’Indépendance, le 2 avril 1808, il obtient le grade de capitaine. Pendant la guerre, il participe à une vingtaine de batailles et engagements qui lui valent des promotions et des reconnaissances successives :

Juillet 1808. Diego del Barco commande les 20 canons qui composent l'artillerie espagnole à la bataille de Medina de Rioseco (bataille de Moclín). Ses canons protégent la retraite des restes de l'armée face à la poursuite des forces du maréchal Bessières.

Au début de 1810, avec le grade de Lieutenant-Colonel, Diego del Barco est blessé et capturé par la cavalerie de Kellerman après la bataille d’Alba de Tormes. Il parvient à s’échapper et retourne à La Corogne, où il reprend le service le 3 février.

En octobre 1811, Diego del Barco dirige l’artillerie pendant le siège français de Sagunto. Après la reddition de la ville au maréchal Suchet, Del Barco est à nouveau fait prisonnier. Diego del Barco s’échappe une fois de plus et atteint les lignes espagnoles à Cadix. De Cadix, il retourne en Galice et rejoint la 6e armée espagnole.

  1. Diego del Barco commande l’artillerie espagnole pendant la reconquête d’Astorga et est promu Brigadier. Il reçoit également le commandement d’une brigade d’infanterie et participe à l’offensive finale de Wellington qui expulse les envahisseurs de la péninsule. Del Barco parvient à pénétrer en territoire français lors de la poursuite de l’armée impériale en retraite.
  2. Diego del Barco se voit confier la mission d’expulser les Français des fortifications de Santoña et de Laredo. Face à l’imminente capitulation française, le gouvernement espagnol craint que les deux fortifications espagnoles ne soient revendiquées par les Britanniques comme un nouveau Gibraltar dans le Golfe de Gascogne.

Malgré le manque de moyens pour rendre les fortifications, Diego del Barco mène l’assaut sur Laredo. Dans la nuit du 21 février 1814, Diego del Barco est grièvement blessé par l´éclat d’une grenade au sommet du Rastrillar. Diego del Barco est évacué à Colindres et meurt de gangrène le 26 février 1814. Laredo se rend le lendemain

Manigault-Gaulois

Joseph Yves Manigault-Gaulois (1770-1809) était l'un de ces rares généraux qui méritaient l'estime de ses soldats, de ses collègues officiers et de ses rivaux sur le champ de bataille.

Fils d'un tavernier, Joseph Yves Manigault-Gaulois s'engage dans l'armée à l'âge de 18 ans en 1791. À une époque où l'on gravit les échelons de l'armée au mérite, quelle que soit son origine, Manigault-Gaulois devient l'archétype du soldat de la France révolutionnaire.

Les guerres incessantes de l'époque fournissent à Gaulois l´occasions de montrer son efficacité, tant à l'état-major que sur le champ de bataille. En 1792, il est promu de sous-lieutenant à lieutenant ; l'année suivante, il devient capitaine et en 1794 chef de bataillon. En mai 1803, Manigault-Gaulois est promu colonel et en août il est nommé général de brigade.

Manigault-Gaulois se distingue par son comportement chevaleresque à plusieurs reprises. Pendant les guerres révolutionnaires, il sauva de l’exécution trois anciens compagnons d’études qu’il reconnut lors de la prise de Coblence. Le militaire leur a obtenu des passeports et leur a permis de s’échapper. Un autre récit indique que le militaire aurait reçu une calèche tirée par quatre chevaux en cadeau pour éviter le pillage d’un somptueux couvent de moines, aurait vendu le cadeau et distribué l’argent parmi ses soldats.

En novembre 1808, Manigault-Gaulois rejoint le Maréchal Soult comme commandant de la 1ère Brigade de la 1ère Division du IIe Corps d’Armée. À la fin de cette année, le général de brigade Manigault-Gaulois reçoit des éloges pour son comportement et sa discipline de la part de Napoléon lui-même lors d’une revue de troupes à Burgos. Les paroles suivantes sont attribuées à l’Empereur : "Général, je suis content avec vous. Depuis longtemps, je n’ai reçu que des éloges sur votre conduite ; vous recevrez bientôt des témoignages de ma satisfaction".

Peu après cet épisode, la 1ère division reçoit l'ordre de se déplacer à La Corogne pour détruire l'armée de Moore avant son évacuation. Dans l'après-midi du 16 janvier 1809, le maréchal Soult ordonne la prise du village d'Elviña, près de La Corogne.

Manigault-Gaulois

La place change de mains à plusieurs reprises pendant les combats entre les 42e et 50e régiments d’infanterie de ligne britanniques et l’une des brigades de la division Mermet, commandée par Manigault-Gaulois. Lors de sa participation au combat, Joseph Yves Manigault-Gaulois reçoit une balle mortelle dans la tête. Après la bataille, la dépouille du général Manigault-Gaulois est traitée avec considération et regret et reçoit les honneurs funèbres à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Retour haut de page